jeudi, mars 16, 2006

Une pierre pour le débat sur l'islam en France

Quelle éducation face au radicalisme religieux ?


C'est le titre d'un rapport qui sort le 9 mars et qui, à en juger par la dépêche AFP, semble fourni et étayé.

Selon la dépêche :

L'ouvrage est le fruit de trois ans de travail d'une cinquantaine de professionnels de l'Education nationale, de la Protection judiciaire de la jeunesse, de la Jeunesse et des sports, de conseils généraux ou d'associations musulmanes. (...) [Ils] ont étudié trois cas : un jeune qui refuse de s'adresser à une éducatrice "parce qu'elle est une femme"; un autre qui arrache une affiche du lycée en expliquant que "sa religion lui interdit de voir des silhouettes humaines"; une troisième qui se voile brutalement juste après sa prise en charge par des éducateurs.

"La question de la perte d'espoir social n'explique pas tout", souligne Dounia Bouzar, ex-personnalité qualifiée au Conseil français du culte musulman (CFCM) et auteur de plusieurs livres sur l'islam en France.

L'ouvrage incrimine non pas l'islam en soi mais des facteurs sociologiques et psychologiques : manque de repères de temps et de lieu, "trous" dans la mémoire des personnes issues de l'immigration, absence fréquente de figure paternelle structurante.

Le risque guette surtout les jeunes qui se sentent "de nulle part", auprès desquels le discours de Ben Laden a du succès parce qu'il "fabrique des frontières strictes" séparant les musulmans des autres.

Pour prévenir le radicalisme, il faut "contrer la construction imaginaire d'une communauté virtuelle de substitution dans un espace virtuel de substitution, en rattachant les jeunes à une histoire et/ou à un territoire".

L'ouvrage propose de "prendre en compte officiellement la période coloniale, la guerre d'Algérie et le sacrifice des grands-parents pendant la seconde guerre mondiale" ainsi que "la part d'héritage que l'Europe a reçue du monde arabo-musulman en matière scientifique et philosophique".

(...) Les discours récurrents en France sur "un islam par essence archaïque et dangereux" et "la suspicion constante d'intégrisme" peuvent conduire des jeunes "à intégrer le stigmate" (...)

L'ouvrage propose de "brouiller le système de communication des radicaux" en valorisant la diversité de l'islam (...).

("Quelle éducation face au radicalisme religieux?", éditions Dunod).